Procédure

Réglages

  • Gain 0,5 – 1 mV/div
  • Défilement 50 ms/division

On peut augmenter le gain pour étudier les micropotentiels, le diminuer parfois pour les unités géantes. Le défilement peut être ralenti pour mesurer la durée des potentiels d’unité motrice.

Terminologie :

  • grandes unités > 5 mV,
  • unités géantes > 10 mV

Pour un effort faible à modéré

  • On étudie séparément les unités motrices
  • Forme +- polyphasique (turns)
  • Amplitude
  • Durée

Puis on augmente l’effort de contraction

  • Recrutement spatial : enrichissement du tracé
  • Recrutement temporel : augmentation de la fréquence

Le muscle normal

Unités motrices

  • <10% UM polyphasiques
  • Amplitude selon type de muscle : 0,2 – 2 mV
  • Durée : 3-5 ms

Recrutement spatial et temporel

  • Recrutement temporel : fréquence des unités motrices
  • Recrutement spatial : enrichissement du tracé par de nouvelles UM.
  • Le recrutement spatial l’emporte sur le recrutement temporel
  • Fréquence UM < 20 Hz

 

Contraction faible

 

Même muscle à contraction forte

Catégories de tracés :

  • Simple : les unités motrices sont rares et bien séparées
  • Intermédiaire pauvre ou riche
  • Interférentiel : on ne peut plus isoler les unités motrices

Extenseur commun des doigts normal
Contraction forte : tracé interférentiel

Il faut toujours rapporter la richesse du tracé à la force développée. Si le patient se contracte peu (paralysie centrale ou défaut de participation), le tracé sera pauvre mais sans accélération. Un patient sportif ou travailleur de force peut avoir un tracé ample et pas très riche pour une force développée assez élevée. Dans tous les cas, seule l’accélération du tracé indique une atteinte neurogène.

Court abducteur pseudo-neurogène.
A contraction faible, certaines UM se distinguent, la fréquence est de l’ordre de 20 Hz (limite pathologique)

Le même muscle à contraction forte.
La fréquence des UM n’augmente pas. Par contre, le tracé s’enrichit normalement

Cet aspect est assez fréquent chez les travailleurs manuels qui ont ont de grosses UM motrices, suffisantes pour des forces de préhension modérée. On voit le même phénomène sur les gros muscles (triceps, quadriceps, triceps sural) : il faut forcer beaucoup pour obtenir un recrutement significatif.

Etude unitaire des potentiels

Les potentiels d’unités motrices peuvent être étudiés de deux façons :

  • En demandant une contraction faible, on peut voir distinctement les unités motrices. On peut dilater la base de temps et augmenter le gain pour faciliter l’analyse.

Contraction faible : potentiels de réinnervation de 17 ms, 2 mV

 

Contraction forte : enrichissement important. Bonne récupération

  • En utilisant un outil automatique d’analyse des unités motrices qui affiche une série d’unités motrices identifiées comme répétitives. Cet outil est en option chez certains fabricants. Il est surtout utile pour étudier les atteintes myogènes. Dans la pathologie « mécanique », on n’en a que peu d’usage.

Si on n’en dispose pas, on peut isoler des unités motrices en procédant de la façon suivante :

  • Demander une contraction faible
  • Dilater la base de temps
  • Superposer une vingtaine de traces EMG
  • Faire varier les seuils d’affichage pour que des unités de fréquence constante puissent se superposer.

On étudie alors les paramètres suivants :

  • L’amplitude : elle varie selon les muscles, les activités du sujet (travail de force, atrophie de non utilisation), le type d’atteinte (neurogène, myogène) et le stade évolutif (sprouting ou repousse)
  • La durée : elle est augmentée dans le sprouting, diminuée dans les atteintes myogènes.
  • Le nombre de phases (turn) : le sprouting et la repousse l’augmentent.
  • La fréquence : elle augmente dans les processus neurogènes : > 20 Hz

Au total

  • Les unités motrices normales ont 2 à 4 phases et une durée inférieure à 7 ms
  • Les grands muscles (triceps brachial, quadriceps, soléaire) ont de grandes unités motrices, difficiles à recruter au testing sur table. Il faut parfois faire le test assis en bord de table pour le quadriceps ou debout pour le triceps sural.
  • Dans les processus neurogènes :
    • au stade aigu, les UM ont un aspect normal, elles sont seulement accélérées.
    • au stade de repousse, les UM sont petites, polyphasiques, parfois allongées
    • au stade chronique : les UM sont grandes, polyphasiques, plus ou moins allongées. Il peut y avoir des petites phases ectopiques (retardées par rapport au bouquet principal), du fait de la colonisation de fibres musculaires distantes.
  • Dans les processus myogènes, les UM sont petites, fines, de durée courte, du fait de la raréfaction des fibres musculaires innervées. Elles ne sont pas accélérées, mais le tracé recrute de nombreuses UM pour une force faible.

Tracé neurogène

Diminution du nombre d’axones et d’unités motrices disponibles

  • Le recrutement temporel est supérieur au recrutement spatial
  • Appauvrissement ET accélération > 20 Hz

 

 

Syndrome du canal carpien sévère
Tracé pauvre accéléré, unités normales, pas d’UM géante ni de microunités de réinnervation : dénervation relativement récente

Le tracé peut paraître normal pour des contractions modérées. Il faut demander une contraction plus forte, pour voir apparaître des potentiels accélérés, comme dans l’exemple ci-dessous.

Inversement, chez des sujets musclés (travailleurs de force), le tracé est très ample et peu riche pour les contractions volontaires modérées. Néanmoins, il s’enrichit bien lorsqu’on demande une forte contraction.

Une impression d’appauvrissement peut être donnée par certaines positions de l’aiguille. En la déplaçant, on retrouve une activité normale. Il faut s’en tenir à l’aspect dominant.

Ramification distale : sprouting

  • Les axones restant innervent les fibres musculaires « orphelines »
  • Les UM grandissent en taille, sont allongées et polyphasiques
  • Les UM géantes et accélérées évoquent une atteinte proximale chronique

Atteinte ulnaire ancienne : tracés pauvre avec UM géantes accélérées

Réinnervation

  • Les axones repoussent de la zone lésionnelle jusqu’au muscle (1 mm par jour)
  • La recolonisation s’exprime par des microunités polyphasiques.
  • Si l’évolution est favorable, ces microunités vont grossir. C’est le moment de faire de la rééducation active !
  • Cela peut aller jusqu’à une récupération complète.
  • Mais les axones de repousse sont fragiles. Il ne faut pas les épuiser par des efforts allant jusqu’à la crampe musculaire.

Micropotentiels polyphasiques de réinnervation

Potentiels de réinnervation

Potentiels polyphasiques accélérés

 

Pseudorichesse due à de nombreux polyphasiques

Tracé myogène

  • Les unités motrices sont fines et très petites : il y a peu de fibres musculaires innervées par axone.
  • Pour développer une force musculaire, il faut recruter beaucoup d’unités motrices.
  • Le tracé devient interférentiel pour une contraction faible.

Tracé myogène sur brachioradialis